Transcription
[Main de Gaignières: 10 juin 93]
Je souffre toujours que vous me préveniés, Monsieur, par des marques de vos bontés et de vostre souvenir qui en m’obligeant sensiblement ne laissent pas de me donner quelque confusion, car j’avoue que j’ay tort de ne vous avoir point encore écrit depuis que je suis de retour chez moy, il est vray que j’ay eu plusieurs accés de fièvre tierce dont je ne suis pas encore bien remis. Quand on est naturellement paresseux, le moindre prétexte devient une raison. Je ne prétens pas vous faire valoir celle-cy, j’ayme mieux convenir qu’il y a de ma faute et m’en reposer sur vostre indulgence qui ne sçauroit me manquer, le coeur estant d’ailleurs tel qu’il doit estre plein d’estime et d’attachement pour vous.
Je vous rends mille grâces de vos nouvelles et vous suplie, Monsieur, de prendre la peine de continuer à m’en faire part lorsque vous en aurés le loisir, c’est une douceur pour les campagnards comme moy qui ont peu de commerce à Paris, j’en fais part à mes voisins et cela leur fait un vray plaisir. Souvenés vous du moins que je conte d’avoir l’honneur de vous voir icy avant la fin de l’esté. J’enverray sur vostre route de quoy vous conduire plus commodément et je me prépare en ce temps-là et je me prépare en ce temps-là a bien aprendre de vous les antiquitez de mon abbaye, le carthulaire que je fais copier dans la bibliothèque colbertine nous donnera des lumières sur mille choses que je ne puis trouver icy, j’attens ce temps là avec beaucoup d’impatience. Je suis, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur,
L’abbé de Pontigny
Pontigny, le 10 juin 93
[A Paris, Monsieur de Gaignières, à l'hostel de Guise]