Transcription
Lion, ce 3 aoust 1689,
Je ne sçay, Monsieur, si vous vous souviendrés encore de moy, bien que je n'oublieray jamais toutes vos honestetés et que c'est ce qui me donne la hardiesse, après avoir demeuré si longtemps sans vous escrire, de vous demander toujours un peu de part dans vostre amitié. Je vous réitère en mesme temps les offres que je vous ay fait autrefois de travailler autant que je le pourray pour contenter vostre curiosité. Remettés moy sur les voyes je vous prie, et je feray de mon mieux. Cependant, comme je suis persuadé que nonobstant mon silence vous aurés conservé quelque bonté pour moy, j'ay cru que vous ne seriés pas fasché d'apprendre l'honneur que le roy m'a fait depuis quinse jours d'une gratification de mille écus pour les services que j'ay rendus pendant ma prevosté des marchands. Comme le temps n'est guières propre aux pour espérer des présens, et que c'est une distinction qui n'est encore arrivée à aucun de mes prédécesseurs, je vous avoue que j'y ay esté extrêmement sensible, d'autant plus que je vois par là que sa majesté est contente de la conduite que j'ay tenue dans cet employ qui n'avoit pas esté du goust de tout le monde. Je ne doute point que vous ne preniés part dans mon bonheur. C'est dans cette confiance là aussi que je vous le mande, vous priant, Monsieur, de me croire toujours, avec tout l'attachement possible, vostre très humble et très obéissant serviteur,
La Valette
[Monsieur de Gaignières, à l'hostel de Guise à Paris]
Bibliographie
C. de Grandmaison, "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LI, 1890, p. 604 et 605.