Transcription
Le 22e novembre 1708
Vous avés mis, Monsieur, le dernier sceau de nostre ancienne amitié, car je suis sensiblement touchée du présent que vous me refaites, aimant bien mieux les originaux chez vous que chez moy où j’auray à ma main un caractère moulé quand il me plaira repasser dans mon esprit des souvenirs qui ne laissent pas de réjouir. Cependant, j’ose vous renvoyer ce livre, afin d’achever d’user le papier. Sy la charité de vostre escrivain peut aller jusque là, et que vos bontés pour moy soient encore à cette épreuve, je croy qu’il manque quelque chose à la lettre de madame de Maintenon, à celle que je fais marquer de monsieur de Callières où il y a un p. tout seul qui ne signifie rien que j’entende. Je voudrois pour finir encore une lettre de monsieur de Coulanges qui me rend compte de ma chapelle de Châlon, il y en a une de monsieur le cardinal de Bouillon qui se trouve un extrait de nos baptistaires, une seconde de monsieur de Louvois et une autre de monsieur de Jussac qui parle d’un disner chez le bon homme Antrague avec madame d’Asserac.
Voilà bien de la besogne, mais vous me mettrés au comble de mes souhaits. Excusés la confusion, cette lettre est de ma toillette. Mademoiselle avoit une estrange orthographe pour avoir de l’esprit et fait imprimer des livres de piété.
La Marquise d’Huxelles
Vous n’avez que deux lettres de monsieur de Louvois. Sy d’ailleurs, Monsieur, il y a des pièces dont vous ne vous serviés point particulièrement des Carmelittes et de monsieur de la Trape, je les reprendray, si vous voulés. Dilligence sur tout car ce bien me soulage.
[Monsieur de Gaignières, vis-à-vis des Incurables à Paris]