Transcription
Le premier décembre 1708
J’estois hier tellement embarassée, Monsieur, que je ne pus lire vostre lettre. Elle me fait un grand plaisir, par les assurences que vous m’y donnés de continuer vos bontés à ne vous point lasser de mes importunités. Il en faudroit pourtant retrancher les louanges, que sçavez vous, le Diable est bien fin sur l’amour propre, mais coupons luy court et allons à la besogne. Je vous envoye une mesure un peu plus grande, sy vous voulés, je ne le feray pas relier autrement ce manuscrit. Pour la grosseur, vous jugerés bien du papier qui pourra y estre employé parce que je vous ay déjà demandé, et ce que je prends la liberté de vous envoyer pour couronner l’oeuvre. J’ose vous suplier puisqu’il semble que le domestique soit d’aussy bonne volonté que le maistre et que son caractère m’accommode, que l’anonime me soit renvoyé, c’est à dire l’original, comme il le souhaite. Il est bon de se garder certaines fidellités et d’aprendre à connoitre le fonds des choses, cependant vous serés servy auprès de mon saint evesque et le ballot, dut-il estre gros comme une maison, arrivera à la vostre port payé.
Il est bon de s’estourdir en ce temps cy, les nouvelles d’hier vous auront esté envoyées, tout ce que nous voyons ne se comprent point, et il faut encore que le Diable s’en mesle. En relisant, cette dernière voiture se trouvé digne d’estre conservée.
Vaille que vaille, les nouvelles d’hier à la haste vous iront.