Transcription
Le 29e décembre 1708,
J’estois hier, Monsieur, accablée de vapeurs. Je me reproche d’avoir manqué à tout, aux remercimens pour vos faveurs, et de n’avoir pas eu assés de honte de ce qu’elles vous coûtent. Traficons s’il vous plaist comme de bons et loyaux marchands, ma marchandise ne vaut pas le livre et dès qu’il est question de débourcer dans le temps où nous sommes, point de générosité, nous avons de beaux exemples là-dessus, les plus grands sont les plus vilains, et ce que l’on en entendire n’est pas concevable. J’ose vous envoyer ce que je vous avois préparé, qui est digne d’entrer dans vostre magazin, au cas qu’il n’y soit pas encore. L’avocat mérite d’y avoir place. L’affaire est singulière et les factums sont assez bien reliés.
Le papier blanc que vos gens ont laissé sera une table d’attente pour ce qui me va venir de Bourgogne. Je suis comme le cardinal de Bentivoglio qui se ressouvenoit avec plaisir de ses enfantines actions, c’est son expression. A propos de la Bourgogne, j’ay parlé au Président à mortier qui est icy pour vous avoir ce qu’il vous manque de monsieur d’Albret contre monsieur le duc de Boüillon dans leur procez. Sy vous voulés me le marquer, j’ay une autre ressource que la sienne s’yl ne satisfait pas et je finiray cecy en vous supliant de me renvoyer la lettre de l’anonime à une dame urceline parce que je me suis engagée de la rendre à quelqu’un qui doit la venir quérir.
La Marquise d’Huxelles.