Transcription
Mercredy 25 septembre 1709,
Mille grâces, Monsieur, de l'honneur de vostre souvenir. Il me trouve dans une fluxion sur les dents et au visage fort importune. Je ne sçavois point vostre rume, et sy je l'avois sceu, vous pouvez bien juger que mes dix sols auroient marché, personne ne s'intéressant plus que moy à vostre santé, mais je me tiens sur mes gardes, crainte de vous donner à penser que je n'envoye que pour vous presser. Je n'ay plus rien pour le pot pourry. Si vous aviés encore quelque chose, il me seroit bon, afin de ne laisser au bout que la moitié des feuillets blancs que vous me marqués. Enfin, j'ose me recommander à vostre prudence et vous suplier surtout de ne vous point fatiguer, estant déjà assez comblée de vos bienfaits. De nouvelles généralles, je n'en sçay point. On avoit dit que les ennemis n'assiégeoient plus Mons mais c'est qu'ils attendoient leur gros canon et autres munitions nécessaires. Nous avons un maréschal de France de plus, celuy d'Harcourt ne quitte point l'Allemagne. M. de Jarzé se réjouit à Chantilly. M. de Barbezières en est venu chercher la mort icy sans confession à ce que l'on dit. M. l'abbé de Courtenay est arrivé d'hier au soir, de différentes moeurs et de naissance, aussy j'en voudrois sçavoir davantage, mais, Monsieur, au bout de l'aulne faut le drap.
Je croy que vous sçavés que ce maréschal est M. d'Artagnan.
On va à Marly aujourd'huy pour un mois. M. le duc de Noailles ne trompe pas vos espérances dont je vous félicite.