Transcription
A Paris, le 4 novembre 1699
Quoy que je n'aye pas receu, Monsieur, la lettre que vous marquez m'avoir fait l'honneur de m'escrire sur les mouvements que la mort de M. le Chancelier a causez, je ne laisse pas d'avouer que je suis en reste. Avant la promotion de monseigneur le Chancelier, il avoit avec le comte de Pontchartrain son fils résolu de rassembler tous les papiers de sa charge de secrétaire d'Estat sous les ministères de feux messeigneurs Colbert et de Seignelay et sous le sien. Ce soin est le fonds de mon employ mais qui m'occupoit peu par le défaut de place. Enfin, sur la proposition de mettre ces papiers au large et dans un dépost seur, ils ont loué un pavillon dans le jardin des Petits Pères où je rassemble ces papiers. Il y en a desjà la charge de 8 charretes et par l'ordre dans lequel je les dois mettre il n'y a pas un chiffon que je ne sois obligé de manier plusieurs fois, le cotter et en faire l'extrait quand il en vaudra la peine. Voilà en racourcy un ouvrage de plusieurs années, et peut-estre de plus d'un successeur. Joignez à cela, Monsieur, mes autres petits travaux et j'espère que vous aurez non seulement de l'indulgence pour moy mais que je vous feray pitié d'autant plus que je ne suis excité que par le zèle que je dois à ceux qui me font l'honneur de m'occuper et par le bien du service. Dieu mercy je pense peu au reste et je crois que l'on y pense encore moins que moy. Je vous avoue pourtant que malgré tout cet embarras je m'écarte quelque fois pour généalogiser un petit et pour ne pas tout à fait oublier ce que j'ay tant recherché cy devant. Vous sçavez l'occasion prochaine de remuer ces matières et je me réjouis de voir chacun sur ses gardes et dans la prévantion nécessaire pour n'estre pas surpris. Je suis persuadé que l'on consulte jusqu'à Marmoustier et l'on ne sçauroit avoir trop d'aussy bons conseillers. Comme le détail ne se mande pas de si loin, ce sera pour l'heureux retour. Je vous asseure que par raport à la dureté de la saison prochaine je le souhaitte préférablement à toutes les bonnes choses que vous pourrez trouver. Je ne sçaurois penser autrement estant aussy parfaitement que je suis, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur,
Cl[airambault]
[Monsieur de Gaignières à Marmoustier]