Transcription
A Maisons ce 16 janvier 1701
Je reçois, Monsieur, vos charmantes estrennes avec toute la reconnoissance possible. Elles m'ont fait en vérité un très sensible plaisir et j'ay une vraye confiance dans des voeux qui partent d'un coeur aussy sincère que le vostre et aussy vif pour vos amis, et fondé sur l'espérance que le Seigneur les écoutera. J'espère vous en aller remercier moy mesme dans la fin de ce mois. J'y serois desjà ou au moins bien prêt sans madame de Montespan qui, arrivée depuis assés peu, m'a fait aller à Fontevraut et deux fois à Oyron d'où je ne suis revenu que depuis trois jours, encore [...] sans dire adieu. J'y ay leissé madame la marquise du Bellay qui comme vous sçavés est grosse, car je ne crois pas que le marquis vous ait lessé ignorer ses hauts faits. Je n'ay pas oublié l'offre tendre et obligeante que vous m'aviés faite de m'instruire des nouvelles mais une demie pistolle par mois que je donne à un commis de la poste ne m'en lesse ignorer aucune deux fois la semaine et cette année mon argent s'es trouvé fort bien employé car il y en a eu de très considérables. Ce commerce m'a empesché de me servir de la liberté que vous m'aviés donnée de laquelle je ne vous suis pas moins redevable quoyque je ne m'en sois pas servi mais dont je suis encore plus pressé de vous remercier, Monsieur. C'est de cette amitié dont vous m'honorés et dont je fais tant de cas, je vous prie de me la conserver comme une chose qui m'est très chère et de croire que c'est du plus profond de mon coeur que je vous honore et que c'est avec la plus tendre estime du monde que je suis en vérité, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur,
Purnon