Transcription
Monsieur,
J'ai écrit à M. le marquis de Brosse pour lui demander le portrait que vous souhaittiez. Je vous envoye la réponse qu'il m'a faite affin que vous puissiez vous en servir si vous le jugez à propos.
Que direz-vous, Monsieur, voiant que j'ai attendu jusques à présent à répondre à la lettre que vous pristes la peine de m'écrire de Gizors ? Peut-on prétendre d'autre reconnoissance que le plaisir qu'on reçoit en vous marquant que l'on est tout à vous. Les manières honnêtes avec lesquelles vous en usez demanderoient toute autre chose que nous n'avons pas fait lorsque vous nous avez fait l'honneur de passer par notre abbaye.
Il seroit bien difficile de vous recevoir comme vous le méritez, mon bon ami le père Gallois répondra de tout cela. Il me mandoit de Gizors que le déplaisir qu'il avoit de me quitter lui avoit fait perdre l'usage de la raison et lui avoit fait oublier ce qui lui étoit le plus nécessaire. Je pouvois bien lui répondre que le déplaisir que je ressentois de me voir priver si tost de la compagnie qu'il nous avoit procurée m'avoit rendu malade, car dez le moment que vous fustes parti j'ûs une maladie assez incommode qui m'a fait quitter les eaux, et sans cete incommodité, j'aurois fait réponse à votre lettre par l'exprez qu'on envoie de Gizors. Je doibs vous apporter toutes les raisons qui peuvent m'excuser et principalement dans les occasions où je pourois paroître très coupable, ce seroit en manquant de répondre à toutes vos honnêtetez, j'y serai toujours très sensible et en conserverai tous les sentimens de reconnoissance. Je vous prie d'en être persuadé, aussi bien que du respect avec lequel je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
p. Gabriel Pouget, prieur de St Germer
A St Germer, ce 26e aoust 88.