Transcription
A Soleurre, le 28e may 1707
On ne peut estre plus sensible que je le suis, Monsieur, à la part que vous voulez bien prendre à ma juste douleur, et je vous en ferois des remerciements proportionnés à ma reconnoissance si je n'estois pas accablé du malheur qui vient de m'arriver. Le ciel vient de m'éprouver par le plus rude coup que je puisse recevoir de ma vie, et sans son secours il me sera impossible de supporter une affliction si sensible. Si quelque chose est capable de me faire envisager ma perte avec quelque sorte de constance, c'est de songer que mon fils est mort en servant bien son maistre, et qu'il est regretté de tout ce qu'il y a d'honnestes gens dans le royaume. Dispensez moy de vous en dire davantage sur ce triste sujet dont l'idée me jette dans la dernière désolation. Je finis donc en vous asseurant encor de toutte ma reconnoissance et de l'extresme passion avec laquelle, Monsieur, je seray toutte ma vie, vostre très humble et très obéissant serviteur,
Puyzieulx
[Monsieur de Gaignières, proche les Incurables à Paris]