Transcription
Rouen, le 2e mars 1690
Je n'ay receu, Monsieur, asseurément depuis la première lettre que vous me fîtes l'honneur de m'escrire, que celle des chansons, qui me firent grand plaisir, et il est de vos lettres comme des bons mets, et des honnestes gens dont on ne se lasse point. Touttes les nouvelles nous sont bonnes icy et quoyque j'aye mes correspondances, l'un relève ce qui est eschapé à l'autre. Ainsy, tenez vous s'il vous plaist pour dit que la part que vous m'avez donné et l'honneur de votre amitié vous sera un peu à charge à l'avenir, je seray sans faute à Paris le mardi de la semaine sainte et j'y arriverois plustost si je n'avois pas Charleval sur ma routte où je ne puis refuser un séjour de vingt quatre heures. Votre mal de dents dure trop longtemps, et demandent que vous vous précautionniez de crainte de quelqu'autre maladie, car ce mal vient souvent de l'intempérie du dedans, et est l'avancoureur de maux plus dangereux si l'on n'y remédie de bonne heure. C'est pourquoy songez s'il vous plaist à votre santé, et ne croyez pas que j'aye voullu faire un amy de vingt quatre heures. Vous m'obligerez infiniment de me mander ce que vous apprendrez d'icy au samedy veille du dimanche des Rameaux.
Je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
De Ris
[Monsieur de Gasnières dans l'hostel de Guise vis à vis le manège à Paris]
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LI, 1890, p. 599.