Transcription
A Rouen le 9 janvier 1691,
Je ne vous ay point encor remercié, Monsieur, de votre bonjour et bon an, et je vous demande pardon de m'en acquitter si tard. Vous pouvez compter sur un serviteur des plus acquis et des plus dévoués pendant cette année et pour touttes les autres.
J'ay desjà ressenty les effects de votre négociation auprès de M. l'abbé Dangeau et il a eu la bonté de recommencer les petites nouvelles de la semaine passée. J'avois porté à Paris une partie des mémoires qu'il m'avoit demandez et le tout à quatre ou cinq près, mais mon incommodité et la précipitation avec laquelle je suis party m'a empesché de les luy remettre. J'y satisferay incessamment.
On nous menace de nous oster les galères, c'est à dire les chiourmes et les officiers, pour les envoyer armer dans le Levant. Si l'on prenoit l'avis des dames normandes, elles aymeroient mieux que la diversion se fît de ce costé cy, or elles commençoient fort à s'accoustumer à tous les honnestes gens qui remplissent ce corps. Souvenez vous, supliez de moy de temps en temps, Monsieur, et faites moy toutjours l'honneur de me croire votre très humble et très obéissant serviteur,
Ch. Faucon de Ris
On m'a escrit de Paris que le Roy s'estoit expliqué au nonce qu'il ne donnoit à la cour de Rome que le mois de janvier pour prendre son party sur tous les différens que nous avons avec le Pape, après lequel Sa Majesté prendra le sien. Je vous avoue que ma pénétration n'est pas assez grande pour deviner à quoy cela ira.
[Monsieur de Ganières dans l'hostel de Guise vis à vis le manège à Paris]
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LI, 1890, p. 599.