Transcription
Du Mans, ce 20e novembre 1695
Revenant d'Anjou, Monsieur, j'ay trouvé chez moy la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'escrire. Je l'ay communiquée avec vostre mémoire à un amy et allié du cavallier qui a observé qu'il n'estoit point dit que la personne soit demoiselle, advantage qu'il cherche préférablement à touts ceux de la fortune. Le cavallier est présentement à Paris, et j'ay appris qu'il a fait la demande de Mlle de La Chartres de cete (sic) province depuis quelque temps, mais l'on croit que ce sera sans fruit. On doit luy envoyer ce soir vostre mémoire et luy dire qu'on croit qu'il aura lieu d'estre contant de la naissance de la demoiselle. Je vous informeray, Monsieur, de ce qui me sera dit du succedz de la proposition, et il fault estre l'honnestetetz mesme pour se souvenir de ce dont vous avez la bonté de me parler. Comtez s'il vous plaist, Monsieur, que je voudrois tenter l'impossible pour vous persuader que [je suis] efectivement tout plain de vous, je n'oze [rien] dire de vostre mérite car je cognois vostre modestie qui en fait l'asaisonnement. Jugez vous mesme, Monsieur, combien je dois vous honnorer puisque je me trouve dans cete situation. Je n'en diray pas davantage quoique je resente et que j'aye pour vostre personne tout le respec (sic) que la vertu inspire lorqu'on sçait où elle réside, mais il faut en demeurer là pour vous assurer promptement que je suis, Monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur,
de Saint-Germain
[Monsieur de Gaignières, gouverneur de Joinville, à l'hostel de Guise à Paris]