Transcription
De la citadelle de Calais, ce 10 aoust 1661
Vous me donnez tant de marques de vostre amitié que bien loin de croire que je puisse jamais estre en estat de la reconnoistre, je ne me sens pas capable de vous en remercier. Voyez dans quelle fascheuse nécessité vous réduisez les gens et si ce n'est pas une cruauté d'obliger à estre ingrats ceux qui, suivant leur naturel et dans l'estendue de leur pouvoir, n'en eussent esté seurement accusés de leur vie. Si une amitié comme la mienne estoit capable de payer une partie de la vostre, ce seroit le seul moyen que j'aurois pour sortir d'affaire, et si vous pouviez vous contenter que je vous dise du meilleur de mon coeur que vous estes trop civil et trop obligeant pour n'avoir pas acquis entièrement à vous
de Villefranche
[Monsieur de Gaignières, à l'hostel de Lorraine à Paris]