Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 15 juin (1702)]

  • [Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 15 juin (1702)]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
41
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 15 juin (1702)]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1702
  Pays-Bas
Destinataire du document (courrier)
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Localisation(s) traitée(s)
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Le 15 juin, au camp de Dosborguer sous Clèves

Je viens de dire à Monseigneur que la joye vous avoit tellement transporté au récit de l’action de Nimègue que vous estiez allé sur le champ à Nostre-Dame où vous aviez chanté un Te Deum vous tout seul à basse notte. Il m’a ordonné de vous remercier. Vous ne croiriez pas que j’ay pensé à vous dans le temps de cette action et que je souhaité (sic) le pintre en miniature qui a peint les deux que madame de Montespan vous a donné, lorsque je vis d’un coup d’oeil deux grandes armées en bataille dans une belle plaine terminée par la ville de Nimègue. Avouez que cela bien représenté feroit un tableau qui ne vous dépléroit pas ! Pour moy je vous avoue que de ma vie je n’ay rien vu de si beau. Au reste mon maistre est un brave prince qui donne ses ordres de sang froit sans que le canon ny le mousquet l’empêche de se transporter aux endroits les plus périlleux et d’y demeurer longtemps quand il y croit sa présence nécessaire. Beuvez à sa santé, car ma foy il en vaut la peine.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183

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