Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 16 mai 1704]

  • [Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 16 mai 1704]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
57
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 16 mai 1704]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1701 – 1707
   
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Du 16 may.

Entre tous les chagrins de l’accident qui est arrivé à madame la duchesse de Bourgogne, il y en a un qui n’est que pour moy tout seul, qui est que sans ce funeste malheur vous auriez il y a longtemps vostre portrait mais comme il a fallu garder neuf jours le lit, on n’a pu achever le peu qui y restoit à faire. Nous partons demain pour Marli et la première chose que Hellar fera sera de le finir et de vous le porter. Il est païé et il ne vous demande que la permission de luy laisser voir vostre cabinet. On nous fait espérer que nous partirons de Marli en poste pour Strasbourg. Je vous supplie de faire en sorte que j’aye la jouie (sic) de vous retrouver en bonne santé. Aimez moy tousjours et soyez bien persuadé que personne ne vous aime et ne vous honore plus que moi.

On vient de nous déclarer le jour de nostre départ, ce sera présisément le lendemain de la pentecoste et on va coucher à Villeacerf.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183

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