Texte
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, sans date]
Lieu de conservation
Cote ou no d'inventaire
Folio
201
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, sans date]
Nature(s) du texte
Auteur(s)
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Personne(s) traitée(s)
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Du dimanche,
Au moins, Monsieur, me permettrez vous de vous remercier et de vous avouer ingénument que sans vous il faudroit que je renonssasse au noble amusement des petits portraits.
Pour ce qui est du doute sur lequel vous me consultez par raport à vous relieures, je vous diray en un mot qu’il me paroist qu’il y a quatre raisons pour l’uniformité contre une pour la variété.
M. le duc de Noailles, qui disna hier chez moy avec monsieur le comte d’Ayen et monsieur le conte d’Estrées, est très mal satisfait de la précipitation avec laquelle vous vous en retournastes et monsieur de Niert bien mortifié de ce que vous n’estes pas venu dîner chez luy après le luy avoir fait espérer. Si comme un chevalier de bien et d’honneur vous vouliez réparer ces tors (sic), ce que vous feriez facillement en fesent iscy un petit voyage, outre la joye infinie que vous me donneriez, vous auriez le plaisir de voir un tableau que l’on a donné à M. de Niert digne de vostre curiosité et très propre à exercer vos grandes connoissances. C’est un jugement que le dernier duc de Bourgogne, Charles, a rendu dans l’assemblée de tous ces estats, tous ceux qui le composent sont habillez avec les robes de leurs dignitez et leurs noms sont escrits derrière eux. Ce tableau a esté enlevé de l’hostel de ville de Monts et peut fournir matière à de belles discertations. Je voudrois qu’il me procurast la satisfaction de vous voir iscy.
Au moins, Monsieur, me permettrez vous de vous remercier et de vous avouer ingénument que sans vous il faudroit que je renonssasse au noble amusement des petits portraits.
Pour ce qui est du doute sur lequel vous me consultez par raport à vous relieures, je vous diray en un mot qu’il me paroist qu’il y a quatre raisons pour l’uniformité contre une pour la variété.
M. le duc de Noailles, qui disna hier chez moy avec monsieur le comte d’Ayen et monsieur le conte d’Estrées, est très mal satisfait de la précipitation avec laquelle vous vous en retournastes et monsieur de Niert bien mortifié de ce que vous n’estes pas venu dîner chez luy après le luy avoir fait espérer. Si comme un chevalier de bien et d’honneur vous vouliez réparer ces tors (sic), ce que vous feriez facillement en fesent iscy un petit voyage, outre la joye infinie que vous me donneriez, vous auriez le plaisir de voir un tableau que l’on a donné à M. de Niert digne de vostre curiosité et très propre à exercer vos grandes connoissances. C’est un jugement que le dernier duc de Bourgogne, Charles, a rendu dans l’assemblée de tous ces estats, tous ceux qui le composent sont habillez avec les robes de leurs dignitez et leurs noms sont escrits derrière eux. Ce tableau a esté enlevé de l’hostel de ville de Monts et peut fournir matière à de belles discertations. Je voudrois qu’il me procurast la satisfaction de vous voir iscy.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: "Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183
