Je vous avoue avec bien du plaisir, Monsieur, que je n’ay pu venir contre les solides conseils que vous me fistes l’honneur de me donner avant mon départ. Je prenois trop de goust à les entendre, et j’avois trop de confiance en vous pour n’en estre pas véritablement touché, le moyen de pouvoir resister. J’avois contre moy la raison mesme et la plus vive éloquence. Si quelque chose me fait peine à présent, c’est de vous avoir fait voir ma [...] J’en ay toutte ma vie voulu au péché originel. Pour mon honneur permettez moy de l’accepter de toutes mes foiblesses, il ne me falloit pas moins que les secours que vous avez bien voulu me donner pour pouvoir y résister. Je ne les crains plus grâce à vous et je vais à la campagne au premier jour pour prendre en liberté des mesures pour la charge. J’auray l’honneur de vous randre compte, Monsieur, de tout ce que je seray trop heureux si vous voulez bien me continuer les bontés que vous avez eue pour moy et m’honnorer encore de vos conseils dans la suitte.
Je ne dis point icy que je suis determiné à prendre la charge de mon père, je n’en dis rien mesme, cela pouroit engager un de nos anciens présidents a se démettre de la sienne en faveur de son fils, en ayant déjà été tenté plusieurs fois.
J’ay envoyé à M. de Joingny la lettre dont vous avez bien voulu me charger pour luy, il est a la campagne depuis huit ou dix jours. Vos excuses sur cela m’ont causé un scandalle infiny. Je vous supplie très humblement, Monsieur, de ne m’épargner en rien et de me croire avec toute la reconnoissance que je vous dois, et tout le respect possible, Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,

De La Ferté