Transcription
A Metz, ce 16 juin 1697
Je sçay, Monsieur, qu'il a (sic) très longtemps que je ne vous ay donné de mes nouvelles, j'avoue ma faute, et que je pourois bien prendre quelques momens pour vous en demander des vostres. Je ne sçay pas m'en excuser autrement qu'en vous disant que je donne tout mon temps au travail que j'ay entrepris, qui fait toute mon occupation quoyque fort peu agréable, n'y trouvant pas tout ce que je m'estois figuré et n'y ayant rien de fort ancien, je n'ose pas vous dire, ny qui mérite mesme la peine que je me donne, vous en jugerez possible mieux que moy. Mon chagrin est que je n'avance guères, n'ayant employé qu'un peu plus d'une rame de papier depuis 4 mois entiers que je suis icy. Il est vray qu'elle est assez remplie non pas d'un caractère si menu mais d'un pareil à celuy-cy. J'espère, si je peus finir, qu'il y en aura bien 3 rames de grand papier. Mon déplaisir sera qu'il y aura plus de mauvaise (sic) choses que de bonnes mais je crois qu'il faut tout prendre.
Je ne vous fais point de complimens sur la perte que vous venez de faire de Mme de Noailles, vous sçavez que je prends assez de part à tout ce qui vous touche et que je le ressens assez si je ne vous le marque pas. Ce n'est point par indifférance ny insensibilitté, je songeay fort à vous dans le moment que je l'apris et les peines que cela vous causoit par l'attache que vous avez pour tout ce qui regarde cette maison et je vous ay plaint moy-mesme, ne pouvant ferre autre chose.
Je ne vous remercie point de ce que vous me dites m'avoir envoyé des comtes de Namur, ne l'ayant point receu. Je n'en ay point eu de vous depuis le 9 avril que celle-cy du 9 juin. Je ne me souviens plus de ce que je vous mandois par la mienne sinon de Corberon que vous m'envoyez dont je vous remercie et puisque vous voulez bien que je vous demande librement ce dont j'auray besoin sur ces familles, faites moy le plaisir de m'envoyer une table de la maison de Neufchatel de la Franche-Comté dont il en a un grand maistre de France particulièrement depuis celuy qui espousa Alix de Joinville-Vaudemont, dame de Chastel-sur-Moselle, dont sont descendus les seigneurs de Neufchatel et de Montagu. C'est une famille estainte dont la dernière est morte en 1532 qui estoit puissante et possédoit de grands biens. Les ducs de Loraine en ont eu Chastel-sur-Moselle et Chaligny et leur droit sur Espinal. Je croyois treuver bien des choses dans les laittes (sic) concernant ces terres : ce ne sont presques que des nombremens de terres qui en relèvent ou d'autres papiers de peu de conséquence. Cependant il faut tout inventorier, bon et mauvais. Il y a des lambeaux par-cy par-là qu'on treuve qui sont assez bons. J'ay veu tous les testamens que j'ay extraits de ceux que j'ay treuvé. Je verray l'un de ces jours les contracts de manage qui restent et que j'ay présentement dans ma chambre. Il y en a bien qui manquent et que je connois bien par tout ce que je voy qu'on a bien enlevé des choses.
Ne m'avez-vous pas dit autrefois que feue Mademoiselle de Guise avoit tiré des copies des tiltres les plus importans ? Que sont-ils devenus? Ne pouroit-on point en voir l'inventaire un jour pour conférer avec celuy que je fais? Je ne treuve presque plus ceux contenus dans l'inventaire de M. Godefroy, il m'est facile de connoistre ceux qu'il a veus, estans cottez de sa main et de son escriture que je connois et que je ne manque pas de remarquer. Si j'avois suivy sa méthode je me flate que je serois bien avancé, tout son inventaire ne tenant pas 5 mains de papier et n'ayant pas un tiltre raisonné. Je veux croire qu'on ne luy donna pas le temps de le mieux faire ou qu'on ne voulut pas autrement.
Je songeray à ce que vous me mandez de la liste des conseillers de ce parlement depuis son institution. J'en parleray à M. le Procureur général la première fois que j'auray l'honneur de le voir si par son moyen l'on ne pouroit point vous satisfaire en cela.