Texte
[Lettre de Honoré Caille du Fourny à Gaignières, 12 février 1698]
Cote ou no d'inventaire
Folio
144
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Honoré Caille du Fourny à Gaignières, 12 février 1698]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1698
| Metz (57/Moselle) |
Destinataire du document (courrier)
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Édifice traité
Abbaye Saint-Victor de Paris (Vue extérieure)
Objet traité
Personne(s) traitée(s)
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Metz, le 12 février 1698
Il y a 3 jours Monsieur que celle que vous m’avez fait la grâce de m’escrire du 3 de ce mois m’a esté rendue, je songeois à vous faire compliment sur le mariage de Mlle de Noailles auquel je sçay que vous prenez part, mais je vous avoue que je n’en eus presque pas le courage dans le déplaisir que j’ay eu d’apprendre en mesme temps la mort du pauvre M. de La Salle qui estoit de vostre connoissance et qui s’estoit comme vous sçavez retiré à Saint-Victor. Estant tombé dans la rue de Saint-Victor à 3 pas de l’abbaye, il n’eut le loisir que de dire qu’il estoit à Saint-Victor et qu’on l’y reportast et expira en mesme temps, comme vous aurez peu sçavoir. Je vous avoueray que cette mort m’a frappé vivement. J’avois de l’estime pour luy et il en avoit réciproquement pour moy et depuis ce temps là je ne sçay comme je suis, j’appréhende de tomber malade icy et je souhaite passionément de m’en retourner. Vous raillerez possible de mes faiblesses et vous aurez raison de me laisser aller à la maladie du pays, mais aussy il me semble qu’il y a tantost assez de temps que je suis icy à faire un mestier qui n’est guère agréable. Je peux le finir dans ce mois et je compte de partir dans le 15 du prochain à moins qu’il ne vienne un ordre exprès que je ne prévois pas qui me le déffende et m’oblige de rester, mais je ne m’y attends pas. J’ay grande passion de retourner pour jouir un peu de repos et de vostre conversation. Je voudrois bien pouvoir reconnoistre les honnestetez que vous avez eu pour moy me donnant de vos nouvelles et m’aprenant ce qui se passe et vous enrichir de quelques curiositez mais je ne pense pas que vous en profitiez beaucoup, ayant peu de chose et prévoyant n’avoir guères de loisir de rien examiner et je ne vois pas de lieu de s’en reposer sur autruy. Vous ne sçavez que trop que ce n’est pas chose de promettre, ce n’est pas de mesme pour l’exécution et puis je ne suis pas bien aise d’employer gratuitement les gens et l’on n’est pas tousjours en estat de fournir à la curiosité. Le peu que j’ay sera tousjours à vous et c’est dans cette veue que je l’ay ramassé mais vous n’en serez pas bien riche. Je le seray beaucoup si vous voulez me conserver tousjours vostre amitié et vostre estime. J’ay impatience de vous tesmoigner autrement celle que j’ay pour vous, cependant je demeure tout à vous.
Je me persuade que M. le marquis de Refuge est à Paris, s’il vous rend quelque fois visite, obligez moy de l’asseurer de mes respects.
Il y a 3 jours Monsieur que celle que vous m’avez fait la grâce de m’escrire du 3 de ce mois m’a esté rendue, je songeois à vous faire compliment sur le mariage de Mlle de Noailles auquel je sçay que vous prenez part, mais je vous avoue que je n’en eus presque pas le courage dans le déplaisir que j’ay eu d’apprendre en mesme temps la mort du pauvre M. de La Salle qui estoit de vostre connoissance et qui s’estoit comme vous sçavez retiré à Saint-Victor. Estant tombé dans la rue de Saint-Victor à 3 pas de l’abbaye, il n’eut le loisir que de dire qu’il estoit à Saint-Victor et qu’on l’y reportast et expira en mesme temps, comme vous aurez peu sçavoir. Je vous avoueray que cette mort m’a frappé vivement. J’avois de l’estime pour luy et il en avoit réciproquement pour moy et depuis ce temps là je ne sçay comme je suis, j’appréhende de tomber malade icy et je souhaite passionément de m’en retourner. Vous raillerez possible de mes faiblesses et vous aurez raison de me laisser aller à la maladie du pays, mais aussy il me semble qu’il y a tantost assez de temps que je suis icy à faire un mestier qui n’est guère agréable. Je peux le finir dans ce mois et je compte de partir dans le 15 du prochain à moins qu’il ne vienne un ordre exprès que je ne prévois pas qui me le déffende et m’oblige de rester, mais je ne m’y attends pas. J’ay grande passion de retourner pour jouir un peu de repos et de vostre conversation. Je voudrois bien pouvoir reconnoistre les honnestetez que vous avez eu pour moy me donnant de vos nouvelles et m’aprenant ce qui se passe et vous enrichir de quelques curiositez mais je ne pense pas que vous en profitiez beaucoup, ayant peu de chose et prévoyant n’avoir guères de loisir de rien examiner et je ne vois pas de lieu de s’en reposer sur autruy. Vous ne sçavez que trop que ce n’est pas chose de promettre, ce n’est pas de mesme pour l’exécution et puis je ne suis pas bien aise d’employer gratuitement les gens et l’on n’est pas tousjours en estat de fournir à la curiosité. Le peu que j’ay sera tousjours à vous et c’est dans cette veue que je l’ay ramassé mais vous n’en serez pas bien riche. Je le seray beaucoup si vous voulez me conserver tousjours vostre amitié et vostre estime. J’ay impatience de vous tesmoigner autrement celle que j’ay pour vous, cependant je demeure tout à vous.
Je me persuade que M. le marquis de Refuge est à Paris, s’il vous rend quelque fois visite, obligez moy de l’asseurer de mes respects.
