Transcription
Vous avez dû recevoir une de mes lettres qui vous aura tiré de l’inquiétude que vous me témoignés par la dernière que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je voudrois bien, mon cher monsieur, qu’il vous arrivast quelque chose qui puisse vous tirer du chagrin et de la douleur que vous a donné la mort du pauvre abbé de Varese, je l’ay affreusement plaint pour luy mesme vous sçavés ce que j’en pensois, mais l’afliction que j’ay bien supposé que vous en auriés me l’a encore fait regretter davantage. Nous avons perdu quasi en mesme temps le pauvre abbé de Saint-Luc et le pauvre M. de Cordemoy, voilà en bien peu de temps trois de nos amis et gens d’un mérite distingué, cela ne contribue guères à éguayer la plus ennuyeuse vie que l’on puisse mener, c’est le plus véritable portait que je puisse faire de la mienne. Il ne se peut rien adjouster à mon esclavage, il a doublé de puis que je ne vous ay vu. La nuit en est présentement aussi bien que le jour. J’espère que vous m’en ferés passer quelques moments agréablement quand nous serons à Versailles où je me souhaitte beaucoup et en partie par l’espérance de vous y voir. Je ne vois quasi plus de jour a ce que vous sçavés, je n’en ay pas mesme trouvé à en parler j’auray bien des choses à vous dire là-dessus dans nostre première entrevue. Je suis, mon cher monsieur, tout à vous et je vous conjure d’en estre bien persuadé.
A Fontainebleau, ce jeudy 9 novembre 1684