Transcription
A Pomponne le 5 juin 1699,
A peine, Madame, eus-je le temps de changer de carosse en arrivant mercredy de Marly pour venir icy par le plus vilain temps du monde. Ainsy c’est icy seulement que j’ay appris la perte que vous avez faitte de monsieur le comte de Bailleul. Il suffit, Madame, qu’il vous fust sy proche pour m’y faire prendre une extrême part, c’est donc, vous ne pouvez doutter. Comme je ne feray que passer dimanche à Paris, je ne pourray avoir l’honneur de vous y revoir ny rendre mes trez humbles devoirs dans cette triste occasion à monsieur le président de Bailleul. Voudriez vous, Madame, le faire souvenir que personne ne l’honore plus que moy et ne prend tant de part à ce qui le touche. Ne seroit-ce point abuser de vostre bonté de vous prier que madame la marquise de St Germain sceust aussy combien j’ay de douleur de ne pouvoir estre en lieu de luy aller faire mes trez humbles complimens. Il me paroist touttesfois Madame qu’une telle famille réunie en vous peut bien ne se point séparer. Une partie de la mienne qui est icy c’est à dire madame de V… et madame de Pomponne me charge de vous assurer combien elles sont sensibles à vostre perte & vous prions de recevoir pour elles tout ce que j’ay l’honneur de vous dire pour moy. Vous cognoissez, Madame, que personne ne vous honore au point que je fais et n’est à vous avec tant de respect et de vérité,
Arnauld de Pomponne