Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Hieronimo Venier à la marquise d'Uxelles, 29 juillet 1698]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
462
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Hieronimo Venier à la marquise d'Uxelles, 29 juillet 1698]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
A Venise, ce 29e juillet 1698

Il y a long tems, Madame, que vous passés pour l'héroïne du siècle, admirable en toutte chose, mais particulièrement à l'égard de vostre conduite tout à fait régulière et obligeante pour vos amis. Vous repassés souvent dans nostre esprit leurs bones qualitez s'ils en ont quiquesune (sic) mais vous oubliés leurs fautes par une indulgence que votre bonté vous inspire. Vous vous souvenés le peu qu'ils ont fait pour vous mais vous négligés ce que vous faites pour eux, enfin, c'est une vertu parfaitte que la vôtre et toutte ma maison en est conveincue et moy par dessus tout autre qui est et sera à jamais à vous par inclination et par reconnoissance. Vous parlés de la bone chère de l'hôtel Halé, pourquoy ne rien dire de l'esquise que vous avés toujours fait à la rue Sainte-Anne. J'ay à tout moment p[...] vos soupers délicieux par la propreté et la perfection des mets et surtout par les agréments de la compagnie choisie et donée de toute sorte de connoissances. Cette merveilleuse société ,où vous présidés par des sy belles lumières et avec un mérite qui est conu dans tous les endroits de la terre, a esté pour moy un escolle (sic) où j'ay plus apris que dans le plus fort de mes estudes et je vous parle sans hyperbolle. Il est vray que sy on doit voire notre bon abbé [...] envoié [de Modène], cela va toujours son trein et on ne devroit pas vous presser. Ce que vous dites d'avoir renoué au monde, je voudrois de tout mon coeur estre à portée de pouvoir vous acompagner chez M. Le Noue. Je me flatte d'avoir assés de crédit auprès de vous, Madame, pour vous persuader une petite débauche et d'aller encore une fois en sainte bone fortune chez un sy digne prélat, à la première occasion d'escrire à monseigneur Delfin, je ne manqueray pas d'obéir à vos ordres, mais je doute de l'indulgeance plénière, à moins que vous n'alliés vous-même la gagner chez luy ou que vous ne permetés qu'il la porte chez vous. Vous estes sy bien en cour de [...] que je ne voy nul obstacle à ce comerce, sy ce n'est que vous voulés attendre la réforme généralle de tout le quiétisme. Je n'aurois pas ouï que les plus grand dévots de la cour en fussent atteins; c'est une douce manie de pouvoir tout faire sans pécher, c'est un poison le plus subtil et pénétrant et sy on n'en coupe la racine, il poussera fort loing. L'application du Roy à une sy grande affaire est digne de piété et exige les aplaudissemens de tout le monde. De cette louange, il en retombe aussy sur M. de [...]/ Le crédit qu'il a dignement dans le cabinet n'estant pas ignoré. Il est vray que l'abbé mon frère est dans la prélature depuis sept ou huit mois. Il seroit en passe de queque (sic) dignité ecclésiastique s'il n'estoit un peu plus touché par cette noble ambition qui est permise et même nécesaire à l'honêt'home, mais il se néglige par trop. Vous n'oubliés personne, tous mes frères vous sont redevables, Madame, des bontez que vous avés pour eux . Je vous supplie de permettre que je place icy leurs respects très humbles. A mon égard, je me trouve dans une grande perplexité car la République m'ayant fait l'honeur de me doner une charge qui, estant de beaucoup de réputation et authorité, n'est néanmoins nullement conforme à ma vocation ny à mon génie. Je doute encore sy je l'embrasseray, nonobstant qu'un refu peu me coûter ma suite. En cas d'un honorable exil, ma consolation sera le cardinal Bentivoillo (sic) et la dédicace qui est à la tête de ses mémoires me faisans souvenir le mérite de la persone qui m'en a fais présent ne contribuera pas peu à rende (sic) heureuse ma retraite et le loisir de songer aux bontez qu'on a eu pour moy. Revenons au publique. Je puis vous assurer que de long tems notre armée navalle n'a esté sy bien équipée qu'elle l'est à présent. De plus, c'est qu'elle est très bien commendée par M. le chevalier Delfin, frère de M. le nonce. C'est un sujet de beaucoup de mérite, de valeur et d'expériance. Sy les enemis veulent venir aus mains, on a lieu d'espérer des avantages très considérables. Il est vray que les forces des terres nous passent en nombre et pour la portée et grandeur de leurs [sultanes], mais ils n'ont pas estés capables de nous battre quand même nous estions moins forts. Il ne faut pourtant pas trop compter sur les succès des armées, les combats estant toujours fort incertains, et surtout les combats de la mer. Notre flotte s'est mise à la voille le 12e du mois passé, elle est allée vers les Dardanelles en cherche de [...], on pousse des veus pour un heureuse rencontre qui puisse décider de la campagne et de la guerre. Pendant tout cecy, notre bon allié et confédéré le kzar de Moscovie se promène d'un pays à l'autre. On l'a fort bien receu à Vienne. On l'attend icy au plus tôt. On tâchera de le divertir le mieux qu'il sera possible, et come le fort de son inclination est pour la marine, je me flatte qu'il sera assés content de notre arsenal, quoyqu'épuisé par la longueur des deux guerres qui luy ont auté beaucoup de sa grandeur et de son lustre par le grand nombre de bastiments et des armes qui en sont sorties. Dans ma petite épargne, il est encore, Madame, de quoy fourny pour la provision du thériac et du sel de vipère que vous souhaités. Au plus tard, ce sera par M. Pisani que j'auray l'honeur de vous le faire tenir. Je panse que vous sçavés que c'est le successeur qu'on a destiné à M. Crispo. Il a une famme aussy, mais je ne crois pas qu'elle aimera la retraite come l'ambassadrice d'à présent. Il faut que vous en voiés de toute sorte. Pour M. Pisani, c'est un honêt'home de beaucoup de mérite qui a de l'esprit et de la conduite et qui donera contentement à la cour et à la République. Mais en voilà trop! Pardon sy je vous ay ennuiée par mon méchant françois que j'ay, je vous assure, tout à fait oublié. Je ne perderay néamoin (sic) jamais, Madame, le souvenir de mes obligations sur la qualité que je porteray au tombeau de votre très humble et très obéissant serviteur,
Venier

Le bon allemand m'est fort conu, même sous le nom de votre secrétaire. Je le félicite sur l'échange qu'il a fait et la bone maîtresse qu'il a trouvé.