Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 29 octobre 1695]

  • [Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 29 octobre 1695]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
19
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 29 octobre 1695]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1695
   
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Localisation(s) traitée(s)
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Je croyrois, Monsieur, manquer à ce que je vous dois si en m’aprochant si près de vous je ne vous rendois une visite par cette lettre puisque je ne suis pas assés heureux pour vous en pouvoir rendre d’une autre manière. Si monsieur le duc et madame la duchesse de Noailles n’estoient pas à Paris, je me flatte que vous n’auriés pas esté si longtemps sans faire issi un petit voiage, mais c’est ce qu’on n’ose espérer. Pendant le siège de Namur, un de mes amis qui est à la campagne a parié une grosse somme d’argent que les châteaux de Namur ne seroient pas rendus le premier de septembre, mon ami prétent avoir gagné et soutient que monsieur le mareschal de Bouflers n’a signé la capitulation que le 2, l’autre soutient qu’elle a esté signée le premier et ne se veut rendre qu’à un certificat de monsieur le mareschal de Bouflers. Si madame la duchesse de Noailles le prioit de nous en donner un, je croy qu’il ne la refuseroit pas, et si vous la supliés instament de nous procurer cette grâce, je suis persuadé que nous l’obtienderions, je vous conjure dont, Monsieur, de vous y emploier et de croire que si la chose n’en valoit pas la peine, je ne vous donnerois pas cette fatigue. Pendant que je suis en train de vous importunner, trouvés bon que je vous prie de me mander si vous voulés bien que ma sœur envoie chez vous quérir les portraits de Marot et de Saint-Gelais, je vous demande pardon de vous accabler, souvenés vous s’il vous plaist que vous m’avés permis d’en user de la sorte, je suis avec tout l’attachement et la sincérité possible, vostre très humble et très obéissant serviteur,
Ce 29 octobre 1695,

Moreau

[De la main de Gaignières:] L’on n’a batu la chamade pour le château de Namur que le 1er septembre à 2h après midy, la capitulation n’en a esté signée que le second et les ennemis n’y sont entrez que le 5e.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183

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