Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 15 juin, sans date]

  • [Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 15 juin, sans date]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
115
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 15 juin, sans date]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
   
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Statut du document
Original
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Du 15 juin

Je vous escris seullement en qualité de secrétaire de Mme la duchesse de Noailles. Elle voudroit vous escrire et ne rien faire et le seul expédient qu'elle a trouvé pour accorder sa paresse et son inclination a esté de me donner cette commission dont je me suis chargé avec grand plaisir. Elle veut vous faire sçavoir qu'elle vient de receuvoir des lettres de M. le duc de Noailles qui estoit encor à Perpignan et qui luy mande qu'il a envoié quérir Barberac, qu'il l'attent et qu'il espère un grand soulagement de la visite de cet Esculape. J'ay charge encore de vous reprocher le plaisir que vous prenez à estre éloigné de vos amis. Voilà ma commission finie et c'est moy présentement qui vous asseure qu'il n'y a rien de moins honneste que l'indifférence que vous tesmoignez pour ce pais-cy mais tout injuste que vous estez (sic), nous allons boire, M. de Louville et moy, à vostre santé. Le frère de M. de La Roche qui est capitaine de vaisseau vient de faire une des plus éclatantes actions que l'on puis faire. Il s'est défendu tout un jour avec un seul vaisseau contre unze galères et deux vaisseaux plus forts que le sien, et après avoir mis une galère hors d'estat de servir de longtemps, voiant qu'il ne pouvoit plus résister, il s'alla échouer proche de Gaïette, fit metre son vaisseau en pièces après en avoir tiré son canon et ses munitions et avec 100 hommes qui luy restoient attaqua et se rendit maître d'un petit fort qui est sur cette coste. Le gouverneur de Gaïete le fut attaquer avec 500 hommes. au premier assaut il fut repoussé avec perte, enfin on l'a entendu tirer 4 jours mais comme dans le temps qu'on a escrit cette nouvelle le bruit du canon avoit cessé, on ne sçait point quelle a esté la fin de cette aventure.
Je suis tout à vous.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: "Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183

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