Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 20 juin 1704]

  • [Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 20 juin 1704]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
55
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 20 juin 1704]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1705 ±5
Wissembourg (00/N/A)  
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Au camp Lenschleithal proche Vissenbourg, ce 20e juin.

Je fus bien fâché, mon très cher Monsieur, de la peine que vous vous donnastes pour me faire l’honneur de m’embrasser lorsque je passay par Paris, et j’en aurois esté inconsolable si on ne m’avoit asseuré que vostre diligence n’avoit pas esté perdue et qu’elle vous avoit servi à faire vostre cour à mon maître, au passage duquel vous vous estiez heureusement rencontré. Vous ne m’avez point mandé si monsieur Hellard vous avoit porté le portrait de monsieur le duc de Bourgogne comme je luy avois présisément ordonné en le luy païent, et comme il me l’avoit promis, fautes moy, je vous prie, sçavoir si vous en estes content. Ce que j’en vis avant mon départ me parut très bien. Monsegneur (sic) est isçy ocupé à faire razer les lignes de la Loutres qui ont quatre lieue (sic) de long, qui vont depuis Vissenbourg jusqu’à Roterbourg et que les ennemis ont abandonnés dès que monseigneur est arrivé dans son armée. Elles sont très bien construittes, très faciles à deffendre et très difficilles à attaquer, estant partout deffendus de la Loutre, qui est une rivière considérable. Si ceux qui ont blasmé l’année passée monsieur le mareschal de Catinat de ne les avoir pas attaqués les connoissent comme nous fesons, je me trompe fort ou ils ont grand tort, quoy qu’il en soit, tous ceux qui s’intéressent à ce qui touche Monsegneur doivent sçavoir gré aux ennemys de luy avoir fait l’honneur de les abandonner dès qu’il a paru. Nous sommes iscy continuellement inquiétez par une nation que nous ne connoissions point en Flandres, que l’on appele des Houssars. On a beau les tuer, on les trouve partout. Dès que nos lignes et leurs forts seront applanis et que l’armée sera entièrement assemblée, vous entendrez parler de Monsegneur. Je suis avec toute la tendresse de mon coeur, mon très cher monsieur, vostre très humble et très obéissant serviteur.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183

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