Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 5 octobre (1701)]

  • [Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 5 octobre (1701)]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
37
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Lettre de Denis Moreau à Gaignières, 5 octobre (1701)]
Lieu(x) et Période de production
Destinataire du document (courrier)
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Du cinq octobre, à Fontainebleau

J'ay tort, mon très cher monsieur, mais je ne l'ay qu'en apparence. Vous sçaurez pour ma justification que les quatre premiers jours qui suivirent l'arrivée de monseigneur le duc de Bourgogne je receus de l'armée tous les jours pour quinze francs de lettres, toutes lettres auquelles (sic) il faloit absolument faire réponce parce qu'elles avoient encor rapport avec le généralat que mon maître venoit de quitter. La teste m'en a pene à tourner. Joygnez à cela que je me trouvois avec un seul valet comme je suis encore, et par dessus tout aiant pour plus de trente mil écus de compte dont j'avois bien de l'impatience d'estre délivré. Jeugez d'en quel (sic) agitation d'esprit je pouvois estre et quel rafraîchissement pour un homme de 71 ans qui vient de finir une campagne par une cource de 130 lieux en poste, courant jour et nuit. Voulà (sic) mes excuses, il n'y en aura jamais d'autres pour moy qu'une impossibilité absolue car sans compliment vous este l'homme du monde pour lequel j'ay le plus de fidélité, de tendresse et de respec (sic). Soyez en, je vous suplie, bien persuadé.
Remarques
Denis Moreau, premier valet de chambre du duc de Bourgogne, collectionneur et ami de Gaignières, constitue l'un de ses principaux correspondants. Ils échangent longuement sur leurs collections de portraits. La Princesse Palatine décrit le cabinet de Moreau dans l'une de ses lettres, datée du 23 mars 1702: "Hier, l'envie me prit de voir l'appartement de M. Moreau. premier valet de chambre de M. le duc de Bourgogne. . . J'y allai au lieu de me rendre au sermon. C'est petit, mais propre et curieux. Il a quatre petites chambres avec des portraits et des tableaux magnifiques (...). Autour des grands tableaux sont pendus des petits, tous de la même dimension : tous les rois de France depuis François Ier jusqu'à notre Roi, et sous chaque roi les grands hommes, guerriers et savants qui ont vécu de son temps. Il a les portraits de tous les poètes depuis cette époque-là jusqu'à la nôtre ; Malherbe a une affreuse barbe : de même il a les maîtresses de tous ces rois et toutes les reines aussi. Il a un cabinet à part pour notre époque, où se trouvent Mme de Montespan. Mme de La Vallière, Mme de Fontange, Mme de Ludres. Il a aussi Mme de Maintenon, habillée en sainte. De plus, toute la maison royale. Puis, rangés par ordre, tous ceux qui ont gagné des batailles : M. le Prince, le duc d'Harcourt, M. de Turenne et M. de Luxembourg. Sous le cardinal de Richelieu, il a mis tous ceux que celui-ci a fait mourir (...). Sous Henri III se trouvent tous les guis-sarts (sic) et tout ce qui a fait figure au temps de la ligue. . . Il possède de belles et précieuses porcelaines et figurines de bronze. Il a aussi M. Lebrun, Mignard, M. Le Nostre, très ressemblant ; Racine, Corneille, La Fontaine, très ressemblant aussi ; tous les jansénistes, Mme Guion. Je voulus qu'il la mette entre M. de Cambrai et M. de Meaux. Il y avait songé, me dit-il, mais il n'avait pas osé le faire. Il a aussi Rablais (sic), qui a l'air très drôle. . . J'y suis restée toute une heure". (Lettres de Madame Palatine, édition Hubert Juin, 1961, p. 201-202).
Bibliographie
Grandmaison (Charles de), "Gaignières, ses correspondants et ses collections de portraits", Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. LII, 1891, p. 183

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