Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Brouillon de lettre de Gaignières à Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, 25 mai 1703]

  • [Brouillon de lettre de Gaignières à Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, 25 mai 1703]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
164
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Brouillon de lettre de Gaignières à Marie-Madeleine de Rochechouart, abbesse de Fontevraud, 25 mai 1703]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
1703
   
Lieu(x) de réception
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Objet traité
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
25 may 1703, Madame de Fontevrault,

En vérité, Madame, un aussi petit soin que celui que j’ay pris de donner votre lettre ne mérite pas que vous y pensiez. Vos commissions me feront toujours beaucoup d’honneur et de plaisir. Elles me consolent de mon inutilité. Ma mortification estant très grande de ne pouvoir vous rendre des services proportionnés à la passion que j’en ay. Vous ne perdez point d’occasion, Madame, de me donner des marques de vos bontez. Je crois mesme leur devoir les tableaux que monsieur le chevalier du Bellay vient de m’envoyer, c’est tout au moins sa considération pour vous qui m’a attiré ce présent. Je ne sçaurais me flater assez pour penser autrement sans dessein de luy en estre moins obligé. Soufrez donc, Madame, que je vous en fasse de nouveau mes très humbles remerciemens, aussi bien que des miniatures que le père prieur avoit données à monsieur de Larroque pour metre dans mon cabinet. C’est de cela seul dont je dois parler pour ne pas augmenter la confusion que j’ay de ce que vous voulez bien m’en dire et de la peine que le révérend père prieur a prise de m’escrire lorsque c’estoit à moy de le faire pour le remercier. Ne me refusez pas la grâce de votre souvenir, Madame, que l’on ne peut avoir pour votre personne une plus grande vénération, un plus véritable respect ny un atachement plus sincère que celuy de votre [très humble et très obéissant serviteur].
Tout ce que je connois, Madame, de la grâce que monsieur de Larroque me fait de m’aimer véritablement et la bonté que vous avez de me le confirmer me fait sentir vivement ma douleur de n’estre pas plus heureux puisque je ne sçaurois l’estre tant que je ne luy seray bon à rien. Il me rend justice de croire que je m’intéresse à sa fortune, je le dois à son mérite mais que ne dois-je pas à son amitié! J’en ay une si sensible reconnoissance que sans vouloir me donner un air de beaux sentimens, je vous proteste, Madame, que je suis souvent plus occupé de ce qui le regarde que de mes propres intérêts. Il y a une fatalité que l’on ne sçauroit surmonter si je ne l’esprouvois pas comme il le sçait luy-mesme, il s’apercevroit que l’on se fait un très grand plaisir d’obliger un homme qui a le cœur aussi bon sans parler de tout ce qu’il a encor d'excellent avec cette grande qualité. Je ne vois point un qui l'espère parfaitement, vous jugez bien que c'est M. de N., sans parler de monsieur de Larroque il souhaiteroit fort de luy rendre service mais sans vous en dire davantage de destail, les occasions sont difficiles. Cependant, Madame, si vous luy escrivez, je vous suplie de luy metre un petit mot des sentimens de monsieur de Larroque sur son sujet. Il en est, je vous assure, très convaincu et il a très parfaitement soutenu l’idée que vous luy en aviez donnée mais vous luy en ferez un nouveau plaisir. Pour moy je n’en sçaurois avoir de bien véritable quand les gens que j’ayme ne sont pas traitez de la fortune comme ils le méritent.

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