Archive numérique de la collection Gaignières (1642-1715)

Texte

[Brouillon de lettre de Gaignières à un correspondant inconnu (Denis Moreau?), sans date]

  • [Brouillon de lettre de Gaignières à un correspondant inconnu (Denis Moreau?), sans date]

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Cote ou no d'inventaire
Folio
173
Numéro de l'item (1711) incluant le texte
Texte identifié
[Brouillon de lettre de Gaignières à un correspondant inconnu (Denis Moreau?), sans date]
Nature(s) du texte
Lieu(x) et Période de production
   
Matériau, Technique
Papier
Statut du document
Original
Période traitée
Source du document numérisé
Transcription
Comme je préfère toujours ce qui regarde ceux que j’ayme à mes interestz les plus grants, je vous diray, Monsieur, que je ne vous ay souhaité principalement du repos que pour le besoin que vous en avez. J’envisage avec crainte les suites du bon trectement que l’on vient de vous faire par les nouvelles fatigues où elles vous plongent. La manière dont la chose s’est terminée est flateuse et rend justice à vostre mérite. J’en ay esté touché de joye très certainement comme je le dois parce que rien n’ira devant ce qui vous regarde, mais après cela soufrez que je me soulage, mon très cher monsieur, en vous disant que j’ay passé de cet estat à un autre et que ma douleur est assurément très vive quand je pense que rien ne peut réparer ce que je viens de manquer. J’ay toujours souhaité quelqu’un qui peust vous ressembler en partie parce que je ne me croiois pas assez heureux pour vous avoir. Jugez, après m’en estre veu si prez, du triste estat où je me trouve. Il est tel que bien loin de conter pour quelque chose les gens que j’ay refusez, je ne puis encor me résoudre à remetre mon écriteau, tant j’auray de peine à voir ma maison ocupée par d’autres que celuy à qui je la destinois de tout mon cœur. Pleignez moy seulement dans mon malheur, mon a[...]trement me le fait sentir au-delà de ce que je vous le sçaurois exprimer [Ratures] et aymez moy toujours, Monsieur, je vous en suplie. Je ne puis adoucir ma peine que par là car je ne me consoleray jamais de ce que je pers et j’oubliray encor moins le bien que vous m’avez voulu faire. Je viens d’aprendre, Monsieur, que le Roy venoit demain à Paris aux Invalides, à Notre-Dame et au Palais royal et que monsieur le duc de [Bourgogne] y venoit aussy. Seroit-il point possible que vous fissiez ce voyage et que vous me peussiez donner un coup d’oeuil dans ma maison ? J’y ay un extrême besoin de vos avis. Ils sont si bons, si seurs et si chers pour moy que j’espère que vous ne me les refuserez pas. Je me flatte mesme que vous ferez tout ce qui dépendra de vous pour me donner cette satisfaction. Je vous le demande en grâce, Monsieur, et si vous manquez cette occasion de trouver bon que je vous suplie instamment d’en faire naistre une autre qui me procure ce secours dont je vous seray très sensiblement obligé. Soyez fortement persuadé, Monsieur, que je seray toute ma vie avec un attachement très parfait absolument à vous.
Voicy l’humaine démistification, Monsieur, ce qui fait que j’ose vous ofrir un mauvais disné.

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