A Paris ce dernier avril 1704

Je suis bien malheureux Monseigneur de n’avoir peu encor assurer votre excellence de mes respects. J’ay esté inutilement à Versailles et plusieurs fois à vostre hostel à Paris. Quelques incommoditez m’ont empesché depuis de sortir de mon hermitage que pour avoir l’honeur d’aller faire mes complimens à vostre excellence sur les marques de considération et de satisfaction que le Roy luy a données. Je suis assuré Monseigneur que vostre excellence a esté par là plus sensible à ce bienfait que par tout ce qui l’accompagne. Je n’ay pas esté plus heureux et j’ay pris la liberté de me faire escrire. J’ay une raison particulière par mon séjour proche les Incurables de me réjouir que vostre excellence vienne habiter son palais abbatial. J’espère que j’en trouveray plus aisément les occasions de luy faire ma cour. Je n’espérois pas me résoudre d’atendre ce temps là, Monseigneur, pour dire deux mots à vostre excellence sur un évènement qui ne sçauroit confondre l’ingratitude qu’elle n’élève la générosité de vostre excellence et ne justifie toutes choses avec éclat à son avantage, personne ne s’y est plus vivement interessé que je l’ay fait, Monseigneur, je suplie très humblement vostre excellence d’en estre bien persuadé puisque je suis avec beaucoup de respect et d’atachement, Monseigneur, vostre très humble et très obéissant serviteur,
R. de Gaignières